Stop-isme (1/4)

Écolog-isme, décroissant-isme, climat-isme, altermondial-isme, carbocentr-isme, réchauff-isme, etc…, une profusion de termes en « isme » désignant dans un même élan, la tendance d’après les trente glorieuses, à dénigrer, rejeter, souvent combattre, le développement humain. Ce sont les X-isme (pas facile à prononcer !).

Écolog-isme On veut un environnement plus propre, on veut manger plus sain, on veut ménager la nature. Il faut donc moins se développer pour limiter les dégâts collatéraux du développement.
Décroissant-isme C’est une doctrine économique qui s’oppose au capitalisme et préconise la décroissance. On vise à baisser la production globale de biens et services (décroissance), plutôt que de l’augmenter (croissance). Le pays qui est le seul à faire ça, est voué à une mort certaine, tué par tous les autres qui ne l’adoptent pas. C’est le suicide, appliqué à l’état.
Climat-isme Robert nous l’a exposé récemment dans une quadrilogie sur le sujet. Il s’agirait d’un processus engagé dès 1972 par un petit groupe d’illuminati siégeant à l’ONU, dont le but final serait le NetZero, qui permet de maitriser la marche du monde et son économie, en contrôlant les émissions de CO2, et donc l’essentiel des activités humaines. Le NetZero sensé garantir un climat acceptable, serait l’aboutissement de ce processus
Altermondial-isme Définition Larousse : « un mouvement de la société civile qui conteste le modèle libéral de la mondialisation et revendique un mode de développement plus soucieux de l’homme et de son environnement ».

Enfin X se décline à l’infini, carbocentr-isme, environnemental-isme, réchauff-isme, etc… X illustre un peu toujours la même chose : le tournant anti-modernité d’après les trente glorieuses qui avait vu se reconstruire l’Europe suite à une guerre mondiale dévastatrice. Pendant ces trente glorieuses, on ne s’est pas trop posé de question. Il a fallu finir d’acheminer l’eau dans les dernières fermes isolées. Le téléphone. Chacun son automobile. Chacun son pavillon. Le développement et ses bienfaits n’ont pas trop posé de problème à la conscience collective insouciante, et c’est tant mieux.

La profusion de tous ces termes en isme pose questions :

  • De quelle tendance sont-ils le reflet ?
  • Quand et comment cette tendance est apparue ?
  • Cette tendance va-t-elle prendre fin ?
  • Si oui quand et comment ?
  • Y pouvons-nous quelque chose ?

Le choix de X informe sur la pensée de celui qui le sélectionne. Si on parle d’écolog-isme, on met l’accent sur les écologistes à la manœuvre. Si on parle de décroissant-isme, les acteurs deviennent plus généralement les adeptes de cette doctrine mortifère. Robert avec le climat-isme focalise de son côté sur quelques acteurs peu nombreux mais influents dans les couloirs de l’ONU qui tireraient les ficelles d’un long processus dont l’ultime but serait le NetZero 2050, etc … Toutes ces pistes sont plus complémentaires qu’antinomiques. Mais pour combattre le plus efficacement possible ce mouvement monstrueux qui s’attaque à la modernité, il faut chercher à comprendre sa genèse, les motivations de ses acteurs, et comment il évolue.

Le présent billet donne sans prétention quelques pistes soumises ici à vos aimables critiques bienveillantes, merci d’avance. Je ne suis qu’un modeste citoyen de 60 ans né justement vers la fin de ces 30 glorieuses (un boomer pour faire court). Je ne suis ni historien, ni sociologue. C’est donc une vision toute personnelle, candide, liée à mon vécu, et sans doute naïve de cette problématique.

Le plus pertinent des X-isme ?

Parmi tous les X-ismes existant, le décroissant-isme a ma préférence. Pour Brassens, c’est la guerre de 14-18, pour moi c’est le décroissantisme. Déjà parce que tout a commencé là, fin des années 70, fin d’une période de très forte croissance, comme si on avait décidé à ce moment précis, au moment où la conjoncture l’a fait fléchir, de remettre en question ses bienfaits, de la bouder. Tu t’en vas ? Et bien va-t-en ! Et depuis mes 10ans, c’est une croissance molle qui accompagne nos vies. Depuis ma jeunesse, « c’est la crise » ! On le dit moins aujourd’hui. Mais c’était tellement toujours la crise pendant ma jeunesse et après, que la crise a fini par devenir l’état normal du monde, presque rassurant. C’est la crise ? Ok tout va bien. Ensuite le décroissantisme est le plus généraliste des X-ismes existant et le plus représentatif de cette tendance de l’après 30 glorieuses. L’écolog-isme n’est qu’un semi divorce d’avec le développement. Il s’accommode ainsi de ce qu’il appelle le « développement durable ».

Quant au climat-isme, il n’est qu’une déclinaison de cette tendance lourde, sans doute la plus voyante aujourd’hui, la plus impactante, le CO2 devenant l’arme de destruction massive du développement. Le climat-isme s’est trouvé là par un concours de circonstances inouï sur lequel nous reviendrons. Il est un hasard, au milieu d’une tendance. Si le climat ne s’était pas réchauffé après 1980, le climat-isme (et le NetZero) n’aurait pas vu le jour. Mais la tendance oui, aurait perduré. Le climat-isme nous pourrit bien la vie, mais ça n’est qu’un épiphénomène. Littéralement un «phénomène accessoire qui accompagne un phénomène essentiel sans être pour rien dans son apparition ». C’est le décroissant-isme qui engendre le climat-isme, pas l’inverse.

Un X-isme de plus ou de moins … le stop-isme

En listant tous ces X-ismes, à y être je rajoute le mien, déjà pour en rire un peu, et aussi pour clarifier mon propos. Il ne durera que le temps de ce billet, mais peu importe :
Le stop-isme, un essai de dénominateur commun à tous ces X-ismes.
(cliquer sur l’image pour sa source)

La décroissance séduit en théorie, mais en pratique, bien peu la mettent en application. Même Aurélien Barrau doit se justifier en public de posséder un portable, formidable objet de quasi trans-humanisme, symbole de la plus féconde croissance. « Faut quand même pas déconner, retour aux cavernes, mais avec portable, … on sait jamais, si je dois appeler pour une rage de dents ». La plupart des actions contestatrices du développement humain consiste à s’opposer à tout nouveau développement, mais non pas à remettre en cause ou détruire ce qui est déjà en place. Finalement ces idéalistes ne veulent pas vraiment décroitre, ils veulent stagner. D’où le « stop-isme » qui finalement serait le plus approprié pour décrire cette tendance: STOP à la croissance, STOP au développement ! Il y a des milliers de retenues d’eau déjà en place depuis des lustres, qui sont le fruit du développement passé, parfois récent. Celles-là, on n’y touche pas, comme si elles avaient été là de toute éternité. En revanche, si on essaie d’en ajouter une, de construire des méga-bassines comme récemment par exemple, une armée de militants écologistes débarque subitement de toute l’Europe pour protester contre cette atteinte intolérable à l’intégrité de dame nature. Pour faire tous ces kilomètres, l’armée verte empruntera le réseau d’autoroutes européen, déjà en place depuis des lustres. Ça ne lui posera aucun problème. En revanche, pour l’autoroute en construction A69, puisqu’il est nouveau, alors là, quel scandale ! Protestons ! Le stop-isme convient bien pour décrire cette irrationnelle acceptation de l’existant conjointe au rejet de toute nouveauté. L’existant est très bien, on l’utilise sans même y penser, mais on n’ajoute rien. Stop ! On peut extrapoler cette quasi schizophrénie à propos des forêts primaires d’Amazonie ou d’ailleurs. Ceux qui protestent ne penseront jamais à militer pour laisser repousser en Beauce par exemple la forêt primaire qu’on a pourtant rasée en Europe voilà 4000 ans pour pratiquer l’agriculture avant tout le monde. Là non c’est pas grave, elle n’est plus là, on n’y pense plus. D’ailleurs le plus souvent, on ignore carrément qu’il y en avait une. Le stop-isme caractérise assez bien cette propension à fustiger la modernité tout en l’utilisant sans vergogne dans son état statique.

Une anecdote à ce sujet : mes amis écolos fustigent l’avion, mais sont parfois bien prompts à le prendre quand même, et souvent plus que moi. Un couple d’amis m’avait avoué qu’en ma présence, nos amis communs se refusaient d’aborder le sujet du climat, tant j’étais à contre-courant de leurs convictions (écolos-bobos). Ce même couple qu’on avait invité à une soirée fut récemment intarissable à nous donner tous les détails des meilleures combines pour obtenir les meilleurs tarifs des vols low costs pour se rendre en Asie le mois suivant.

Le stop-isme adresse plus largement tout ce qui s’attaque au progrès, tout ce qui caractérise l’obscurantisme et le divorce d’avec la science. Il ne se limite pas à l’écologie. En médecine par exemple, nombre de mes amis ne font plus confiance à la médecine officielle. D’ailleurs ils l’appellent l’allopathie en opposition à homéopathie, ou autre médecine « douce » comme si elles étaient 2 disciplines équivalentes. L’une pourtant dépense beaucoup pour apporter des preuves, par exemple les tests en double aveugle pour les médicaments.

Et l’autre se passe de preuve et se contente de rester dans le champ de la croyance. C’est moins couteux et ça se vend mieux. Le phénomène est tel que la part des médicaments testés baisse considérablement et passe de 85% en 2000 à 75% en 2014.

Pourtant parmi mes amis adeptes de médecine douce, 5 ne seraient plus là si la vraie médecine (qu’ils appellent « allopathie ») ne les avaient pas sauvés. Mon ami médecin « allopathe » me disait avec ironie « mais pourquoi n’ont-ils pas pris quelques pilules d’oscillococcinum pour soigner leur cancer ?… ». Certes c’est un peu méchant. Mais quand on réalise ce qu’est la médecine, ses protocoles rigoureux, ses millions d’heures de travail acharné, pour vaincre cette saloperie de maladie et tant d’autres, on peut comprendre l’agacement d’un médecin qui la voit mise sur le même plan qu’une simple croyance qui ne prend pas la peine de prouver quoique ce soit.

Un autre exemple du stop-isme est la contestation autour du compteur linky. Une méfiance « des ondes » en général. Le linky allait soi-disant générer des perturbations électromagnétiques dangereuses pour les humains. On aura beau expliquer la faiblesse des signaux en jeu, l’innocuité des signaux déjà existant (wifi, Bluetooth), on aura beau dire que le soleil lui-même est un formidable émetteur électromagnétique sur toute la bande depuis des milliards d’années, on aura beau même dire que s’il fallait s’inquiéter « des ondes », ce serait plutôt des téléphones portables émettant 5W à 2 GHz (proche de la fréquence d’un four micro-onde) à 2 cm du cerveau, rien n’y fera. La croyance et la défiance par défaut l’emportera toujours. Tout ce qui est nouveau est potentiellement très néfaste. Un exemple encore concerne les produits phytosanitaires et le glyphosate en particulier. On aura beau citer une conférence au collège de France de l’éminent épidémiologiste Arnaud Fontanet, affirmant que les études dans le domaine incriminent bien certains produits, mais pas le glyphosate (à 1h54mn30s) pour lequel aucun effet n’est détectable, rien n’y fera non plus. Le stop-isme n’adresse donc pas uniquement l’écologie, ou le CO2, il adresse l’obscurantisme généralisé et la défiance relatifs au progrès technique, et à la science en général.

*** Fin de Stop-isme (1/4) ***

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